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du tîers furent élus « par toute la communauté », ou « par les hommes et habitants ».

Le droit de suffrage accordé aux femmes se distingue d’ailleurs dans son essence même des droits politiques qu’elles ont acquis aujourd’hui. D’abord, il n’est pas universel, mais soumis au caprice de la coutume ou de la loi ; d’autre part, ce ne sont jamais toutes les femmes qui en bénéficient, mais seulement les femmes chefs de famille, c’est-à-dire les filles majeures qui possèdent en leur nom une maison dans le village ou les veuves qui représentent leurs enfants. Le vote politique n’est donc pas le droit de toutes, mais le privilège de quelques-unes.

Cette réserve faite, et elle est assez importante, il n’en reste pas moins que la qualité de femme n’apparaît jamais au moyen âge comme entraînant l’incapacité de participer aux affaires publiques.

La reconnaissance de la capacité politique de la femme s’accompagne fort bien d’ailleurs d’un sentiment de mépris pour sa faiblesse, de l’idée de son infériorité morale, hautement exprimée par les juristes et les théologiens, et de la subordination de la femme dans la famille. Beaumanoir reconnaît au mari le droit de battre sa femme tout son saoul ; et les héros des premières chansons de geste, fussent-ils rois ou princes, usent de ce droit copieusement. Tel Pépin le Bref donnant durement du poing sur le nez de la gente Blancheflor.

Mais voici qu’apparaît la chevalerie, et avec elle des idées nouvelles, des sentiments nouveaux qui vont forger à la femme un prestige jusqu’alors inconnu.