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Elle n’a rien de la « faible femme », la fille ou l’épouse du châtelain. Son éducation est rude ; et la réserve est la dernière qualité qu’on ait pensé à cultiver en elle. Quand le seigneur ou ses hôtes rentrent de la chasse ou de la guerre, elle leur donne le bain, les couche et au besoin panse leurs plaies. Renfermée dans le château, elle en sort, pour, au cours des longues expéditions de son mari, chevaucher sur ses terres, surveiller ses manants et ses serfs, recueillir leurs redevances, conduire quelques dizaines d’hommes contre les chevaliers-brigands et parfois elle-même pratiquer sur les terres de ses voisins de fructueuses razzias. Qu’en l’absence du maître le château soit assiégé, et elle saura le mettre en défense.

Les guerrières : Jeanne d’Arc. — L’Amazone n’est pas une exception au moyen âge. Toute châtelaine est, si les circonstances l’exigent, susceptible de le devenir. Jeanne de Montfort qui, pendant plus de vingt ans, combattit pour la possession de son duché de Bretagne, Blanche de Champagne qui, pendant la minorité de son fils Thibaud, conduisit ses troupes contre son compétiteur Erard de Brienne et le défit en bataille rangée, Blanche de Castille qui, régente pour saint Louis mineur, alla elle-même assiéger Bellême : voilà autant d’illustres exemples de femmes soldats et capitaines. Exemples d’ailleurs pris entre mille.

Quoi de plus caractéristique, encore, de la mentalité féminine et des habitudes prises par l’opinion publique que le rôle des femmes aux Croisades ?