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LETTRES D’ABÉLARD ET D’HELOlSE.

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vêtements soient solidement cousus ou attachés au corps, de manière qu’ils n’éprouvent aucun déraugement.’Le corps apporté dans l’église, les moines, lorsqu’il en sera temps, l’enterreront, et cependant les sœurs ne cesseront de psalmodier dans l’église ou de prier dans leurs cellules. Le seul honneur de plus accordé à la diaconesse, c’est que son corps doit être enveloppé dans un cilice, où elle sera cousue tout entière comme dans un sac.

La robière aura le soin de tout ce qui concerne l’habillement, tant pour les chanoines que pour le reste. Elle fera tondre les brebis, et recevra le cuir ; elle recueillera et gardera le lin et la laine ; elle prendra soin de la fabrication des toiles ; elle distribuera le fil, les aiguilles, les ciseaux ; elle aura la surveillance du dortoir et des lits ; elle sera chargée de diriger la taille, la couture, le lavage des nappes de table, des serviettes et de tout le linge du monastère. C’est surtout à elle que s’applique ce passage : « Elle a recueilli le lin et la laine, et les a travaillés de ses mains. Sa main a pris la quenouille, et ses doigts ont fait tourner le fuseau. Elle ne craindra pas le froid ou la neige pour sa maison, car tous ses serviteurs ont double vête- ment ; et, le jour de sa mort, elle sourira, car elle a toujours gardé le seuil de sa maison, et elle n’a pas mangé son pain dans l’oisiveté. Ses enfants se sont levés et ont annoncé qu’elle était bien heureuse. » Elle aura tous les instruments nécessaires à son emploi. Elle réglera la tâche de chacune des sœurs. C’est elle qui prendra soin des novices, jusqu’à ce qu’elles soient ad- mises dans la communauté.

La cellérière aura la charge de tout ce qui concerne la nourriture : cel- lier, réfectoire, cuisine, moulin, boulangerie, four, jardins, vergers et champs, ruches, troupeaux, animaux de toute sorte et oiseaux. C’est sur elle que l’on comptera pour tout ce qui touche à l’alimentation. Elle ne doit pas se montrer avare, mais toujours prête et empressée à donner ce qui est nécessaire. Dieu, est-il dit, aime celui qui donne gaiement. Défense lui est faite de songer à elle-même plus qu’aux autres dans les soins de sa charge, de se préparer des mets particuliers, de se réserver des douceurs. f Le meilleur économe, dit saint Jérôme, est celui qui ne se réserve rien. » Judas, ayant abusé de sa charge pour se faire un pécule, fut exclu du sénacle des Apôtres. Ananias aussi et Saphire, sa femme, ayant retenu ce qui ne leur appartenait pas, furent condamnés à mort.

Quant à la portière ou à l’ostiaire, ce qui est la même chose, à elle ap- partient le soin de recevoir les étrangers et tous ceux qui se présentent, de les annoncer, de les mener où il faut, et de pourvoir à tous les besoins de l’hospitalité. Il convient qu’elle soit d’un âge et d’un esprit sûrs, qu’elle sache donner et recevoir une réponse, et distinguer ceux qu’il faut de ceux qu’il ne faut pas recevoir. Placée à l’entrée du monastère comme dans le vestibule du Seigneur, c’est elle qui donnera la première impression : il est • 1P