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APPENDICE. 565

III

LETTRE D’HÉLOISE A PIERRE, ABBÉ DE CLUNI

A Pierre, très-révérend pasteur et père, vénérable abbé de Cluni, Hélrtte, humble tenante de Dieu et la sienne, l'esprit de la grâce du salut.

La miséricorde divine nous visitant, la grâce de votre Éminence nous a visitées. Nous nous réjouissons, excellent Père, que votre grandeur ait dai- gné descendre jusqu’à notre petitesse, et nous nous en glorifions ; car votre visite est un grand sujet de gloire pour les plus grands. Les autres savent combien la présence de votre sublimité leur a apporté d’avantages ; pour moi, je ne saurais, je ne dis pas seulement exprimer, mais concevoir le bienfait et la douceur de votre visite. Vous, notre abbé, notre seigneur, vous êtes venu l'an passé, le seizième jour des calendes de décembre, célé- brer une messe pour nous recommander à l’Esprit saint ; vous nous avez nourries, dans le chapitre, de la parole divine ; vous nous avez rendu le corps du maître et accordé le bénéfice de Cluni. Et moi qui ne suis pas di- gne de porter le nom de votre servante, votre sublime humilité n’a pas dé- daigné de m’honorer, par écrit et de vive voix, du nom de sœur ; comme un gage particulier d’affection et de dévouement, vous m’avez donné un tricénaire que le couvent de Cluni doit acquitter après ma mort ; vous avez ajouté que vous consacreriez ce don par votre sceau. C’est cette promesse faite à votre sœur, que dis-je, à votre servante, que je viens vous prier, mon frère, ou plutôt mon seigneur, d’accomplir aujourd’hui. Veuillez éga- lement m’envoyer un autre sceau qui contienne, eu termes clairs, l’absolu- tion du maître, afin que je puisse le suspendre à son tombeau. Souvenez- vous aussi, pour l’amour de Dieu, de notre, de votre cher Astrolabe, afin d’obtenir en sa faveur quelque prébende de l’évêque de Paris ou de tout , autre diocèse. Adieu. Que le Seigneur vous garde et nous accorde quelque- fois le bonheur de votre présence.