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QUESTIONS D’HÉLOlSE ET RÉPONSES D’ABÉLARD. 505

Que signifie également ce passage, où, entre autres choses, i ! e4 parlé du grand prêtre meilleur qu’Héli et destiné à lui succéder, dans les termes sui- vants : « Je me susciterai uu prêtre fidèle qui sera selon mon cœur et mon Ame, je lui élèverai une maison fidèle, et il marchera avec moi, tous les jours, devant le Seigneur. Et il arrivera que quiconque sera resté jusque-la dans la maison viendra pour qu’il soit prié |>our elle, offrira une monnaie d’argent, une tourte de pain, et dira : « Abandonne-moi, je’t’en supplie, une part de prêtre, afin que j» puisse manger une petite bouchée de pain ? » Nous savons bien que Samuel, qui Mirvécut à Héli, fut très-fidèle au Sei- gneur ; mais l’opinion commune est qu’il était lévite plutôt que prêtre, et que sa mison ne fut pas fidèle, puisque ses fils furent réprouvés. Quant à ce mot : « Il marchera devant mon Christ, » s’applique-t-il au prêtre lui- même, ou à sa famille, et quel est ce Christ ?nous voudrions aussi le savoir. Enfin, nous demandons des explications sur l’offrande de la monnaie d’argent et de la tourte de pain, — c’est une offrande de nouvelle espèce et non prévue par la Loi, —ainsi que sur les autres détails.

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Réponse d’Abélard.

On croit que cet homme est un ange qui apparut sous forme humaine. Par le grand prêtre, futur successeur d’Héli, il faut entendre non pas tant Samuel qui ne fut que lévite et dont la famille, bien loin d’être fidèle, fut réprouvée, que tous les saints personnages qui remplirent le miuislère d’IIéli après lui, tel- peut-être qu’Aminadab, dans la maison duquel l’arche du Seigneur fut rap|>ortée à Cariathiaris par les Philistins, ou bien Éléazar son fils, consacré à la garde de l’arche, ou enfin Abimelec lui-même que Saûl tua avec les autres prêtres dans Nobe, la ville des prêtres. Ces mots : « Il marchera de- vant mon Christ, » il faut les entendre non du grand prêtre, mais de la famille servant sous lui. Enfin, quant au passage : « Il arrivera, etc., » voici comment je l’ai entendu expliquer par un Hébreu. La pièce d’argent, c’est le sicel d’argent au prix duquel chacun se rachetait auprès du grand prêtre. La tourte de pain ou quicar, c’est le quart de pain qui étaitl’offrande du pauvre. La part de la prêtrise était l’épaule droite, le pectuscule, c’est- à-dire la partie supérieure de la poitrine, les joues, le ventricule et la queue qui était donnée, comme il est dit dans le Lévitique, au grand prêtre : cette part, toutefois, variait avec les rites divers des sacrifices. C’est d’Héli qu’il est question, parce que sa maison en devait arriver à un tel état de misère, que ceux qui étaient jadis les entrepreneurs des rachats et des offrandes, cl auxquels pour cela même la part sacerdotale d’Héli était donnée, allaient être obligés de passer marché avec les autres prêtres, demandant l’aumône et suppliant qu’on leur abandonnât une part, si petite qu’elle fut, de la prê- trise, une petite bouchée de pain appelée plus haut tourte.