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mande de le connaître et de toujours prendre garde de nous tenir, par comparaison avec lui, dans des dispositions d’humilité et de ferveur d’amour. Il dit que cette charité du Christ est supérieure à notre savoir, en ce sens qu’elle est beaucoup trop grande pour que notre intelligence puisse l’embrasser, notre expérience nous en donner une idée. Et lorsque, considérant cette charité du Christ, nous la rapprocherons de la nôtre et que nous eu reconnaîtrons la supériorité incomparable, alors devenus plus humbles et plus fervents, ainsi qu’il a été dit, nous serons remplis de toute la perfection de vertu que Dieu nous a donnée.

TRENTIÈME QUESTION d’hÉLOÏSE.

Que signifie ce passage du premier livre des Rois, où il est dit d’Helchana : « Et cet homme montait aux jours fixés pour adorer ? » Quels sont ces jours, et par qui ont-ils été fixés ?

Réponse cTAbélard.

Rabanus-Maurus, dans les livres des Rois, dit, d’après l’avis d’un Hébreu, qu’il suit presque toujours à la lettre : a Ce qu’il appelle les «jours fixés, » ce £ont les trois fêtes de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles. » C’est ainsi que le Seigneur a dit : « Vous célébrerez mes fêtes trois fois, chaque année ; » et ailleurs : « Trois fois par an, toute ta race masculine viendra se montrer au Seigneur, ton Dieu, dans le lieu que le Seigneur, ton Dieu, aura choisi. » Donc comme, à cette époque, l’arche du Seigneur était à Silo, c’est là que cet Helchana, qui était lui-même Lévite, prenait sou repas, après avoir offert les victimes, avec ses femmes, ses fils et ses frères.

TRENTE-UNIÈME QUESTION d’hÉLOÏSE.

Que signifie ce que répondit Anne au grand-prêtre Héli : « Point du tout, mon maître, dit-elle ; car je suis une femme très-malheureuse ; je n’ai pas bu de vin, ni rien de ce qui peut enivrer ; mais j’ai répandu mon âme de- vant le Seigneur ; ne considérez pas votre servante comme une des filles de Bélial ? »

Réponse (TAbélard.

Elle se dit malheureuse, en ce sens qu’elle est sujette au mépris, parce que, frappée de stérilité par la malédiction, elle n’a pas laissé de semence en Israël. C’est ce qui fait dire à Elisabeth : « Parce que le Seigneur m’a fait la grâce d’effacer, en ces jours, le souvenir de mon humiliation parmi les hommes. » C’est de là aussi que vient la promesse que, dans le Deutéro- nome, le Seigneur fait entre toutes à son peuple, comme récompense de