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QUESTIONS D’HÉLOlSE ET RÉPONSES D’ABÊLARD. 483

que ce qu’il estime comme bon et comme digne d’être fait. C’est ainsi que l’Apôtre, lorsqu’il dit : « Je ne fais pas ce que je veux, » dit/6 veux, pour j’estime bon.

Mais que signifie : « Tout ce que vous voulez ? i Bien des gens considèrent comme dues à leur dignité, à leur rang, des choses qu’ils ne reconnaissent nullement devoir aux autres. Ainsi voyons-nous les choses se passer entre princes et sujets, les princes exigeant ce qu’ils ne croient nullement devoir aux-sujets. Évidemment il faut entendre par là que tout ce que nous croyons que les autres doivent faire vis-à-vis de nous, nous devons être prêts à le leur rendre ; mais non tous les autres, nos semblables seulement, c’est-à-dire ceux qui sont en état de recevoir de nous, comme nous sommes en état de recevoir d’eux.

Quant au mot de Tobie : « Ce que tu n’aimerais pas qu’autrui te fît à toi-même, garde-toi de le faire toi-même à autrui, • il peut, à quelques égards,, soulever une question, en ce sens que celui qui tue autrui par zèle de justice ne peut vouloir qu’autrui lui fasse même chose. Mais comme quand quelqu’un exerce la justice au nom de Dieu, c’est Dieu, à vrai dire, qui agit, ainsi que nous l’avons établi plus haut, on peut dire : ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fit à vous-même ; parce que, lorsqu’on punit quelqu’un justement, c’est Dieu ou la Loi, plutôt que l’homme qui agit.

VINCT-OHlèMB QUESTION d’hÉLOÏSE.

Que signifie ce mot de l’Apôtre : « Prier sans interruption ? •

Répome (TAbélard.

Cela signifie qu’il ne faut pas cesser de prier, en aucun temps où nous devons le faire.

VIHGT-DEUXIBIIB QUESTION d’HÉLOÏSE.

Que signifie, dans saint Mathieu, le passage sur la foi du centurion qui prie pour son esclave : « Jésus, l’entendant, l’admira, et dit à ceux qui le suivaient : c Je vous le dis en vérité, je n’ai pas trouvé tant de foi en Israël ? » On ne doit communément admirer qu’une chose qu’on voit se produire contre toute attente, et qu’on ne savait point ou qu’on ne croyait point devoir arriver.

Réponse fAbélard.

Il est écrit admirer, parce que le Seigneur fit comme s’il admirait, ou parce qu’il voulut que les autres admirassent la foi du centurion qu’il exaltait si haut.