QUESTIONS D’HELOlSB ET REPONSES D’AAÉLARD. 440
faut entendre par là un murmure, non d’indignation, mais d’étoniiement. Murmurer, en effet, c’est s’étonner d’une chose que Ton ne croyait pas pos- sible. Ainsi peut-on appeler murmure l’étonnement des fidèles qui voient mis sur le même pied qu’eux des gens qu’ils savent avoir Ira\aillé moins longtemps,
Pareillement on dit « mauvais, » par comparaison, l’œil des envieux émus contre leur prochain, parce qu’ils considèrent comme fait contre la raison ce qu’ils ne croyaient pas possible. Ces mots : « Ton œil est-il mauvais, parce que le mien est bon ? • signifient donc : ne t’émeus-tu pas, à la manière du monde, comme en face d’une iniquité digne d’in- dignation, pour une chose que tu crois faite par ma bonté ? En d’autres termes : il ne doit pas en être ainsi. De la part du Seigneur, dire cela, c’est faire comprendre qu’il y a lieu en cela, non de s’indigner, mais de louer Dieu.
TREIZIÈME QUSSTIOH D’hILOÏSB.
La question du péché irrémissible envers l’Esprit saint nous préoccupe, nous comme beaucoup d’autres. Comment, en effet, peut-on pécher contre le Fils de Dieu et non contre l’Esprit saint, quand l’un ne peut être offensé sans l’autre, quand l’offense faite à l’un des deux rejaillit nécessairement sur les deux, quand évidemment, celui-ci ne peut être bien disposé pour une âme contre laquelle celui-là est offensé ?
Bépmte (TAbélard.
Avant d’établir la solution de notre mieux, il faut commencer par re- cueillir dans les divers évangélistes les termes de cette parole, et remonter jusqu’à son origine ; c’est le moyen d’arriver plus aisément à résoudre la question. Or, suivant le récit de saint Matlûeu, le Seigneur ayant guéri uu démoniaque, les Pharisiens jaloux disaient qu’il avait opéré cette guérisou avec l’aide d’un esprit malin, non par l’intermédiaire du Saint-Esprit ; le Seigneur leur répondit : « Si je chasse les démons avec l’aide de Belzébuth, avec quelle aide vos fils le chasseront-ils ? Hais si c’est par l’intercession de l’Esprit saint que je chasse les démons, c’est que le règne de Dieu est arrivé sur terre, i Et un peu plus loin : t Je vous le dis en vérité : tout péché, tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre le Saint- Esprit ne sera pas remis. Quiconque aura péché contre le fils de l’homme, son péché lui sera remis ; mais il ne sera remis, ni dans le présent, ni dans l’avenir, à relui qui aura parlé contre le Saint-Esprit. » Voici, d’autre part, le texte de saint Marc : « Je vous le dis en vérité : tous les péchés, tous les blasphèmes seront rerois aux hommes, quels que soient ceux contre lesquels ils auront blasphémé ; mais celui qui aura blasphème contre le Saint-Esprit, jamais son péché ne lui sera remis ; il sera coupable
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