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QUESTIONS D’HÉLOlSE ET RÉPONSES D’ABÉURD. 430

la chair d’agneau et de bouc avec des laitues sauvages ou autres aliments détermines. Mais il mange avec ses disciples l’ancienne Pàque, non la nou- velle, parce qu’il est lui-même la Pâque nouvelle, suivant la parole de l’Apôtre : « Le Christ, notre Pàque, a été immolé ; » et effectivement n’esfr-il pas devenu notre victime ? ne le recevons-nous pas chaque jour dans lo sacrifice ?

C’est aussi avec raison qu’il a célébré la vieille Pâque avec ses dis- ciples, en ce sens que, par la mortalité de son corps, il appartenait encore au vieil homme, comme eux, par leurs vieux péchés. Par contre, il boit le jus de la vigne, renouvelé lui-même, pour ainsi dire, avec des hommes renouvelés, en ce sens que, lui par son immortalité, comme eux par le changement de leur âme, ils ont dépouillé le vieil homme et cèdent au charme de la nouveauté du vrai sacrifice. Et il boit avec eux, en tant que la tête ne peut être séparée des membres. Dans l’ancienne Pàque, il n’y avait pas de calice, parce que la Loi n’avait rien conduit à la perfection, et que la restauration ne devait pas être complète dans le sacrifice qu’elle avait institué.

HUITIÈME QUESTION d’hÉLOÏSE.

Cette réponse du Seigneur aux Juifs en faveur de l’adultère : i Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre, • et la façon dont il l’arrache à leurs mains, ne laisse pas de faire question pour nous. En ne permettant de lapider cette femme qu’à celui qui est exempt de péché, il semble interdire à tout homme tout châtiment, n’y ayant personne, pas même un enfant d’un jour, dès qu’il a passé sur cette terre, qui soit pur de toute souillure.

Réponse d’Abtlard.

Seul entre tous les Juifs, Jésus vécut au milieu d’eux sans péché. Il lapide l’adultère, et sauve la femme en lui pardonnant miséricordieusement, et en la convertissant par le repentir de ses déportements. Quand il dit : t Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre, » c’est comme s’il disait : laissez-la lapider par celui d’entre vous qui est sans péché. Et le premier il lui lance la pierre, en lui inspirant le remords de ses fautes. Elle aussitôt, dans un esprit de pénitence, se soumet aux macé- rations, empêche la chair de se révolter contre l’esprit, la dompte si bien, que mortifiée pour le monde, elle ne vit plus dès lors que pour Dieu, et immole en elle ses vices en conservant son corps. Enfin, le Seigneur dit : c Laisses-moi le châtiment, je m’en charge, » ce qui signifie que nous devons réserver à Dieu le châtiment, parce qne c’est lui qui l’exerce en nous, bien plus que nous-mêmes. Aussi, est-ce à l’homme, non à Dieu, qu’il a été dit : f Tu ne tueras pas. • C’est lui qui nous fait cette interdic- tion, tandis que lui-même, qu’aucune règle n’enchaîne, déclare catégorique-