souvenir d’Héloïse à une conception de roman, si touchante qu’elle soit, c’est, à nos yeux, une sorte de profanation. Dans l’histoire des passions humaines, il est des caractères empruntés à l’histoire ou créés par la poésie, que l’admiration universelle a, pour ainsi dire, consacrés. Qui oserait jeter dans une intrigue vulgaire les noms d’Alceste, d’Iphigénie, d’Antigone, d’Andromaque, de Pauline ? C’est sur ces cimes inviolables que nous voudrions placer Héloïse. Parmi ses contemporains, les rois, les peuples, l’Église même s’inclinaient devant son infortune ; elle inspire au monde entier un respect attendri. À ce degré d’absolu sacrifice, en effet, et d’épuration généreuse, composé de cet incomparable mélange de passion et de raison, d’abandon et de force, l’amour n’est-il pas une des formes des plus nobles de la grandeur humaine ? ne touche-t-il pas à la vertu ?
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INTRODUCTION.