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passèrent la nuit entière au pied du tombeau et méritèrent de voir les premières la gloire de sa résurrection. Dans cette fidélité après sa mort, elles ont prouvé, par des actes et non par des paroles, combien elles l’avaient aimé pendant sa vie. Aussi est-ce à leur sollicitude pour lui pendant sa passion et après sa mort, qu’elles durent de goûter les premières la joie de sa résurrection.

En effet, tandis que, selon saint Jean, Joseph d’Arimathie et Nicodème enveloppaient dans des linges le corps du Seigneur et l’ensevelissaient avec des parfums, Marie-Madeleine et Marie-Joseph, au rapport de saint Marc, remarquaient avec soin l’endroit où il était déposé. Saint Luc fait aussi mention de ce point. « Les femmes qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, dit-il, virent son tombeau et la manière dont le corps avait été déposé ; et, s’en retournant, elles préparèrent des parfums. » Elles ne crurent pas ceux de Nicodème suffisants ; elles voulurent y ajouter les leurs. Le jour du sabbat, elles se tinrent tranquilles et n’exécutèrent pas leur dessein. Mais, selon saint Marc, le jour du sabbat passé, dès le matin, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé, vinrent au tombeau le jour même de la résurrection.

Maintenant que nous avons montré leur pieux zèle, montrons quelle en fut la récompense. D’abord un ange leur apparut pour les consoler, en leur annonçant l’accomplissement de la résurrection ; ensuite elles virent avant tout le monde le Seigneur lui-même et le touchèrent, Marie-Madeleine la première, dont la ferveur était plus ardente ; puis les autres avec elle : je veux dire celles dont il est écrit qu’après l’apparition de l’ange : « Elles sortirent du tombeau et coururent annoncer aux apôtres la résurrection du Seigneur. Et voici que Jésus vint au-devant d’elles, disant : « Je vous salue. » Et elles s’approchèrent de lui, et elles touchèrent ses pieds et elles l’adorèrent. Alors Jésus dit : « Allez et annoncez à mes frères qu’ils aillent en Galilée ; là ils me verront. »

Saint Luc, poursuivant ce récit, ajoute : « C’étaient Madeleine et Jeanne, et Marie, mère de Joseph, et les autres femmes qui étaient avec elles, qui disaient cela aux Apôtres. » Saint Marc ne laisse pas ignorer non plus que ce furent elles que l’ange envoya d’abord porter cette nouvelle aux Apôtres, dans le passage où l’ange, parlant aux femmes, il est écrit : « Il est ressuscité, il n’est plus ici ; mais allez, et dites à ses disciples et à Pierre qu’il les précédera en Galilée. » Le Seigneur lui-même, lorsqu’il apparut pour la première fois à Marie-Madeleine, lui dit : « Allez à mes frères, et dites-leur que je monte vers mon Père, » D’où nous concluons que ces saintes femmes furent, pour ainsi dire, les apôtres des Apôtres, puisque ce sont elles qui furent envoyées par le Seigneur ou par les anges pour porter aux disciples cette grande joie de la résurrection attendue de tous : c’est par elles que les Apôtres apprirent ce qu’ils durent ensuite prêcher dans le monde entier. L’évangéliste a rapporté, en outre, que le Seigneur, après sa résurrection,