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L’HEURE

ses forces, il appela sa mère et sa femme, il leur confia le secret fatal, puis il se prépara à mourir.

Une large terrasse exposée à l’orient s’étendait devant sa maison ; c’est là qu’il fit porter un lit de repos sur lequel il s’assit, entre sa vieille mère qui allait perdre son jeune fils, et sa faible épouse à laquelle allait manquer un appui.

Que leurs adieux furent tristes ! que cette dernière nuit leur semblait tour à tour longue et courte, selon qu’ils étaient agités par la crainte ou par l’espérance.

Les yeux d’Albert virent monter et puis descendre dans les cieux le croissant pâle de la lune qu’il avait admirée trois ans auparavant, pendant cette nuit orageuse passée dans le couvent sur les montagnes de Valence.

Cependant l’horizon s’enflamma des feux de l’aurore ; le chant des oiseaux, le cri argentin du coq annoncèrent au malheureux