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DE LA MORT.

nouillant sur les degrés, de l’autel, il entendit la voix grave de l’homme de Dieu qui récitait l’office des morts. Les souvenirs de sa jeunesse rappelèrent sa piété ; il répondit comme aurait fait le cortége des diacres et des sous-diacres. Quand la messe fut achevée, le prêtre prononça les paroles d’adieu, au milieu de l’église vide de fidèles ; puis, s’adressant à l’officier, il lui dit :

« Jeune étranger, le pieux service que tu viens de me rendre a fait sortir mon âme du purgatoire. J’expiais depuis deux siècles, par cette nocturne pénitence, une faute commise contre la règle sévère de ce monastère ; depuis deux siècles, j’attendais secours d’un mortel pour achever le saint sacrifice ; l’heure sonnait chaque nuit, et, depuis deux siècles, nul être humain ne s’était présenté ; seul tu es venu ; agenouillé près de l’autel du Dieu qui pardonne, tu as aidé mon ange gardien à détacher les liens qui enchaînaient encore mon ame et l’em-