Page:Abel Hugo - Le Conteur.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
L’HEURE

des anciens chevaliers et l’autel profané du Christ. Le jeune guerrier ne put, en se voyant solitaire dans ce triste lieu, se défendre d’un mouvement de terreur que la raison ne peut empêcher les sens de percevoir. Il s’avança dans la nef, dont le silence n’était troublé que par le bruit retentissant de ses pas et par le cliquetis des éperons dont ses bottes étaient armées. Une horloge sonna l’heure ; Albert écouta en frissonnant : douze coups tombèrent lentement sur le timbre argentin.

Alors la porte de la sacristie s’ouvrit en criant sur ses gonds ; un prêtre, vêtu d’une chasuble noire décorée d’une croix d’argent, s’avança, portant le saint-ciboire et l’hostie consacrée ; il marchait légèrement, ses pas rasaient les dalles de pierre sans réveiller l’écho du monument sonore.

Après avoir posé le calice sur l’autel, il se tourna vers le lieu où était Albert, et sembla l’inviter à s’approcher. Celui-ci, poussé par un mouvement inconnu, s’avança, et, s’âge-