Page:Abel Hugo - Le Conteur.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
DE LA MORT.

grillon, les heurtemens des chevaux attachés aux piquets du camp, et, à de longs intervalles, le cri de veille des vedettes.

Les heures s’écoulaient. Il pensait à son amante, à cette jeune fiancée promise à sa constance, au retour des expéditions guerrières ; à cette Éléonore au doux sourire, aux yeux bleus, et à la longue chevelure blonde, que n’avaient pu remplacer dans son cœur ni la superbe beauté des femmes de Rome, ni les grâces piquantes des femmes de Grenade. En rêvant à l’amour et à la France, il commençait à s’endormir, quand le vent de la mer, poussant avec rapidité de gros nuages chargés de pluie, amena la tempête sur les bivouacs français. Albert se leva, et, cherchant un abri contre l’eau qui tombait par torrens, il vit la porte de l’église entr’ouverte, il y entra.

L’église était sombre et humide ; les rapides éclairs, qui traversaient les vitraux coloriés, éclairaient seuls les tombes de pierre