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Scène IV



CORIOLAN, ALBIN.
CORIOLAN.


INgrate, je l’ay dit dés que ie vous ay veuë.
C’eſt pour m’aſſaſſiner que vous eſtes venuë.
Virgilie à mes yeux m’enleve donc ſa foy ?
Me prefere un rival ? m’inſulte ? je le voy.
Et ie le ſouffre ? Albin, la plainte eſt inutile.
Il faut s’aller ſaiſir des chemins de la ville,
L’arreſter au paſſage, empeſcher un départ,
Qui met & mon amour & ma gloire au hazard.
Va, cours…


ALBIN.

Eh croyez moins ce tranſport de courage,
Seigneur, & n’allez point perdre voſtre advantage.
Aſſez d’autres grands ſoins troublent voſtre repos.
L’amant aura ſon temps, triomphez en Heros :
Et rempliſſant les vœux de toute l’Italie…


CORIOLAN.

Quels vœux ! ſi leur ſuccez me couſte Virgilie ?
Quel triomphe ? crois-tu que la pompe d’un jour
Eſbloüiſſe des yeux éclairez par l’amour ?
Que de fraiſles lauriers qu’un vain peuple m’apreſte,
Puiſſent guérir mon cœur en couronnant ma teſte ?
C’eſt tarder trop lõg-temps. Nous la laiſſons partir,
Albin : mais ſans me voir peut-elle y conſentir ?