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Scène III



CORIOLAN, ALBIN.
ALBIN.


OUy, ce nouvel amour eſt un gage certain
De l’union du Volſque avecque le Romain :
Et ſurpris du bon-heur que le Ciel vous envoye,
Je ſens…


CORIOLAN.

Ah ! cher Albin, conçois-tu bien ma joye ?
Il eſt vray que d’Aufide avançant le bon-heur,
Je vay me delivrer de l’Hymen de ſa ſœur :
Et de nos Nations cimenter l’alliance :
Mais fais voir pour ma flame un peu de complaiſance.
Apres tant de chagrins, tant d’inquiets deſirs,
Qui de tous mes exploits corrompoient les plaiſirs,
Je puis apprendre enfin d’une bouche fidelle,
Si Virgilie aſpire à me voir auprès d’elle :
Si de ſon tendre cœur rien ne m’eſt eſchappé :
Si nul de mes rivaux n’en a rien uſurpé.
De ſes moindres ſoûpirs on va me rendre compte :
Combien de mon exil elle a pleuré la honte :
Combien pour ma victoire elle a formé de vœux :
Je ſçauray tout. Albin, que je vais eſtre heureux !
Ne tardons point, allons, prevenons Valerie.
On vient… Que voy-je ?