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L'Art de se

nos désirs ; ou si vous voulés, aux recherches infinies d’un esprit qui cherche à tout connoître, parce qu’il est destiné à connoître Dieu, & à l’infinie avidité d’un cœur, qui n’est satisfait d’aucun bien particulier, parce qu’il est destiné à la possession du Souverain bien, qui enferme tous les autres.

La nature, les perfections & la fin de l’homme forment ce que nous appellons sa dignité naturelle : mais tout cela roule sur l’éternité de sa durée. Nous tirerions un fort petit avantage d’être spirituels dans nôtre essence, si cette idee n’enfermoit celle de l’immortalité. Mais il y auroit de l’extravagance à s’imaginer, que parce que ce qui se dissoût, perit, ce qui est incapable de dissolution, perisse. Que dis-je ? l’étendüe ne se perd point, quoy qu’elle âquiere d’autres manieres d’être, & Ie corps de l’homme aprés la mort, pour être cendre, ou chair, ou boüe, ou vers, ou vapeur, ou poussiere ne laisse pas d’être un corps. La mort dans son idée propre est une destruction d’organes, ou une dissolution. Si donc elle n’anéantit