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L’Art de se

connoître ; & sentir c’est connoître confusément.

Quand ils auront une fois rendu au corps ce qui appartient au corps, & à l’ame ce qui appartient à l’ame, ils connoîtront qu’il n’y a rien de plus mal fondé que leur préjugé.

On voit encore ici en cinquieme lieu, l’erreur de ceux qui s’imaginent que le monde, qui est l’amas des objets corruptibles, est fort prés des nous, & que Dieu en est bien éloigné. Car à prendre Ie monde pour les objets corporels, on peut dire que Dieu est entre nous & le monde, puis que ces objets ne contribüent absolument rien à nos pensées & à nos sentimens par voye de cause efficiente, n’estant pas d’un ordre assés noble pour cela ; qu’ils n’en font purément que l’occasion ; & que c’est la force de l’institution Divine qui fait que nous avons ces pensées & ces sentimens en la presence des objets, soit qu’on pense que cette institution détermine la vertu que Dieu à mise dans nôtre esprit pour agir, soit qu’elle produise immediatement nos divers sentimens. Car