Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
L’Art de se

peut subsister sans Ie corps ; que ce n’est pas une necessité que mon esprit soit envelopé dans les ruines de cet estre materiel, qui doit bientôt perir.

Je conçois donc ici quelque esperance de trouver remede à toutes ces miseres, que j’avois creües n’en point souffrir. Il n’est point necessaire que j’aye recours aux longes insensés d’une vanité qui me séduit, pour me sauver dans ce naufrage general de toutes les choses corporelles, auquel je me vois exposé. La nature de mon esprit me rassure a quelque égard, & commence à me faire entrevoir qu’il y a en moy quelque chose, qui pourroit bien, estant au dessus de la nature des choses corporelles, estre au dessus de leur condition & de leur destinée.

Cette reflexion fait que je considere l’homme avec plus d’attention, & n’estant pas satisfait d’avoir entreveu sa nature, je cherche à connoître ses perfections.

Je ne m’arreste point dans cette veüe à aucune de ses qualités corporelles, qui ne me servent de rien dans ma recher-