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connoître Soy-meme.

l’idée de la pensée. Je pourrois regarder ces corps qui m’environnent animés de cet esprit, ou de ce je ne say quoy qui me surprend, je pourrois les regarder comme des fantômes : mais un fantôme n’a rien de reël, & il est tout composé d’apparences ; & je ne peus douter que l’homme ne soit quelque chose par l’experience que je fais de ma propre existence. Je ne scaurois dire pourquoy je pense dans ce corps dans ce moment, ni avec tous ces organes qui ne font rien essentielement à la pensée, & n’ont aucun rapport naturel avec elle : mais je scay pourtant bien que je pense ; & c’est ici une verité de sentiment.

N’abandonnons point ce principe, qui est peut-estre aussi utile dans la recherche des sources de la Morale, que dans la discussion des verités naturelles.

Si je pense sans que Ie mouvement du corps soit ma pensée, ni fasse ma pensée, je conçois distinctément que tout ce qui est en moy n’est point corporel : qu’il y a un être dans ce composé qui ne dépendant point du corps