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connoître Soy-meme

pellé, & par celle de l’avenir qui est inevitable. En vain il voudroit s’arréter pour avoir le loisir de goûter quelques douceurs qui se presentent sur son chemin, le temps est comme un tourbillon qui l’emporte, inexorable à ses regrets & à ses plaintes. Seuls nous ne saurions soûtenir la veüe de nous mêmes & de la necessité, qui est imposée aux agréemens du monde de passer dans un instant. Unis avec les autres par la societé nous ne faisons pour ainsi dire que nous multiplier en d’autres nous-mêmes, pour participer d’avantage à la commune misere du genre humain.

C’est une chose bien douloureuse à une creature qui s’ayme tant elle même, de se voir mourir continuellement, & de ne sentir la vie qu’à mesure qu’elle la perd. L’enfance est morte pour la junesse, celle-ci pour la maturité de l’âge, cette derniere pour l’âge avancé & celui-cy pour l’extreme vieillesse, nous sommes morts à l’egard de tant de personnes bien-aymées que nous avons perdües, à l’egard de plusieurs agréemens & de plusieurs advantages, qui sui-