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L’Art de se

nous souvenant du dessein de la Science dont nous traitons.

En effet, la Morale estant à notre ame ce que la Medecine est à nôtre corps, & ayant pour but de nous guerir de nos maladies spirituelles, elle doit s’appliquer principalement à deux choses ; premierement à connoître le mal, & ensuite à chercher les remedes qui peuvent nous en procurer la guérison. Ces deux desseins partagent la Morale : mais ils sont trop vastes, & nous meneroient trop-loin. Nous nous bornons donc au premier, en attendant que la Providence nous donne les moyens de travailler sur l’autre.

Nous cherchons ici à connoître l’homme, mais non pas comme la Physique, l’Anatomie, la Metaphysique, la Logique, la Medecine, qui le considerent comme un estre corporel, ou simplement comme une substance spirituelle, comme un animal, ou comme un animal raisonnable. Nous le considererons seulement comme une creature capable de vertu & de bonheur ; & qui se trouve dans un estat de corruption & de misere.