Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/315

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui nous précedent. Parle souvenir des plaisirs que nous avons eûs, nous nous rendons le passé présent, & par les idées des biens que nous esperons d’avoir dans le monde, nous anticipons sur l’avenir. Si nous portions sur toutes ces différences du temps une veiie droite, nous trouverions dans le passé ce que nous trouvons dans le présent, c’est à dire des biens mêlés de beaucoup lamertume. Car le bien que nous avons, possedé n’a pas été plus pur que celuy que nous possedons, & celuy qué nous possederons n’est pas different de celuy que nous avons possedé : mais comme l’ame n’ayme à penser qu’à ce qui Iuy plait, il arrive qu’elle retient les idées da bien qu’elle a possedé, parce que ces idées font agreables, & qu’elle perd les idées du mal qui a été mêlé à ce bien, parce que ces idées ont quelque chose de triste, à moins que le mal passé nous tenant défor mais lieu de bien, parce que nous en sommes delivrés, il nc peigne aussi une idée agreable dans nôtre esprit. A l’égard de l’avenir, nous ne le connoissons, que par J’elperance.

N a, Q*