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que la nature elle-même nous aprenne qu’il dépend en quelque sorte de nous, de nous rendre heureux. Car pourquoy auroit elle gravé dans l’ame de tous les hommes le desir du bonheur, s’ils n’étoient point capables de parvenir à cette fin ? mais en cela les hommes se trompent pour ne pas entendre un double langage que la nature leur tient à cet égard. Car d’un côté en leur faisant voir qu’ils sont privés de tant de biens qu’ils desirent naturellement lesquels ne sont pas en leur puissance, elle leur dit bien clairement que le bonheur n’est point en eux mêmes, & de l’autre en leur inspirant le desir du bonheur si naturellement qu’ils ne s’en défont jamais en quelque état qu’ils se trouvent, elle leur aprend qu’ils peuvent neanmoins l’obtenir.

Mars pour revenir à nôtre Poëte, j’ajouteray que cette description de la felicité, n’est point composée d’objets assés nobles. Certainement peu s’en faut qu’elle ne convienne aux bestes, desquelles on peut dire sans se tromper que leurs biens font des biens de succession,