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qui fait que nous croyons l’aymer pour elle-même, bien que nous aymions en efset pour l’amour de nous, & que tout cela se reduit à l’amour de nous memes.

La proximité tire de là toute la force qu’elle a pour allumer nos affections. Nous aymons nos enfans parce qu’ils font nos enfans, s’ils étoient les enfans d’un autre, ils nous seroient indifferens. Ce n’est donc pas eux que nous aymons : mais la proximité qui nous lie avec eux. l1 est vray que les enfans n’ayment point tant leurs peres que les peres ayment leurs enfans, quoy que ces deux affections paroiffènt fondées sur la même raison de proximité : mais cette différence vient d’ailleurs. Les enfans se voyent mourir en la personne de leurs peres, & les peres au contraire se voyent revivre en la personne de leurs enfans ; or la nature nous inspire l’amour de la vie & la haine de la mort. D’ailleurs les peres voyent en leurs enfans d’autres euxmêmes, mais d’autres eux mêmes soumis & dépendans. Ils se felicitent de les Ji 7 avoir