Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

posseder luy-même. II attache à la mort même une idée de gloire & de grandeur, qui luy fait regarder avec chagrin ce qui détourne fa pensée de cet objet. II n’est jamais plus satisfait, que quand il considère la glorieuse condition de son esprit. L’amas des biens temporels luy paroit un amas de poufliére qu’on jette a ses yeux, pour s’empécher de jouïr de fa grandeur, & tout ce qui occupe le cœur &l’esprit des autres hommes l’ennuye, parce qu’il n’empéche de penser à sa felicité. Ce paradoxe n’est donc pas extravagant dans l’esprit d’un homme qui se connoît luy-même & qui s’ayme comme il faut ; s’il manque de verité, c’est par raport à nôtre foiblesse, & ce n’est que nôtre égarement & nôre folie qui le rend insensé.

Que le Sage commande aux Astres, qu’il soit élevé au dessus du Destin, qu’iî soit plus heureux & plus parfait que Jupiter, ce font des expressions d’autant plus excessives qu’elles semblent ensermer de Timpieté : mais on pourioit bien leur d.onner un bon sens, & certes si l’on a voulu dire que l’homme . i immor