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leur faire souffrir fort indifféremment le mépris que les autres ont pour eux : mais qui par un effet de leur corruption sert á les rendre inflexibles & à jetter dans leur ame indignée des semences d’un orgueil mécontent, que la crainte fait taire : mais qui se débonde au moindre jour de paroître ; & montre que dans quelque état que les hommes se trouvent, ils ne font pas plus dociles à souffrir le mépris des plus grands que celuy des plus petits.

La grandeur a laquelle J’orgueil aspire consiste en deux choses, premierement à s’étendre, ôtensuitte à se perpetuer ; à s’etendre malgré la condition de la nature corporelle, qui est si bornée ; & à se perpetuer malgré la deitinée des choses temporelles, qui durent si peu.

II n’est pas necessaire de faire voir que nôtre vanité n’obtient point ces deux fins qu’elle se propose. Chacun le voit assés, puis qu’en étendant ses conquestes, on étend son injustice plutôt que son excellence, & que les marbres qui semblent perpetuer nôtre gloire ne font ordinairement s’éterniser nôtre vanité., Mais