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le court avenir de cette vie. N’avons nous pas un autre avenir, qui merite bien d’occuper principalement nôtre cœur & nôtre esprit ? En vain le monde nous menaceroit. Que peut-il faire ? On peut nous écraser : mais on ne peut nous détruire. Que le monde perisse, que la nature croule, que les élemens perissent, que nôtre corps se change en poussiere, ou en vers, ou en vapeur, qu’il descende vers la terre ou qu’il se dissipe en l’air. Les ruines du monde ne destruiront pas nôtre esprit, & ne dissoudront point ce qui n’est pas même capable de dissolution. Nous croyons être dans un corps qui est nous mêmes. Nous nous trompons. Cette argile n’est point nous, & ne le sera jamais. Dieu la rétablira avec honneur, pour servir de tabernacle à l’esprit qu’elle avoit premierement logé : mais ce ne sera plus avec la même soumission, ni avec la même dépendance. L’esprit ne suivra plus la condition du corps : mais le corps suivra autant qu’il est possible, la condition de l’esprit, & comme l’esprit s’estoit abaissé jusqu’à l’état des corps,