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siere avec le temps : mais l’esprit s’étend, comme une sphère divine, qui devient plus grande à mesure qu’elle aproche de Dieu. Le corps perd le mouvement qu’il avoit, l’esprit acquiert des connoissances qu’il n’avoit point. Le corps se confond avec la terre, l’esprit se reünit avec Dieu.

L’abbaissement qui suit la mort est l’abbaissement d’une matiere insensible. Un cadavre rongé par les vers qui le dévorent ne souffre point de douleurs. Il ne sent point la mauvaise odeur qu’il exhale. Il ne s’effraye point des tenebres qui l’environnent & il ne se déplaisit point à luy-même, lors même qu’il n’est plus qu’un triste composé de chair & de boue, qu’un affreux mélange de terre & de sang, d’ossemens & de pourriture. C’est une illusion de la nature préoccupée, qui nous fait attacher nos propres sentimens aux objets qui n’en font que la simple occasion.

La matière sans vie & sans sentiment est dans son état naturel ; ce n’est pas là un abbaissement pour elle. Ce deshonneur n’est que dans nôtre imagina-