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connoître Soy-meme.

humainement, pour nous empécher d’être avares, consistera dans la crainte de faire tort à nôtre honneur par les bassesses de l’interest ; la force que nous avons pour nous empécher d’être prodigue, consistera dans la crainte de ruïner nos affaires, lors que nous aspirons à nous faire estimer des autres par nos liberalités. La crainte des maladies nous fera résister aux tentations de la volupté. L’amour propre nous rendra moderés & circonspects, & par orgueil nous paroîtrons humbles & modestes. Mais ce n’est là que passer d’un vice à un autre. Pour donner à nôtre ame la force de s’élever au dessus d’une foiblesse sans rétomber dans une autre, il faut la faire agir par des motifs, qui ne soient point pris du monde. Les veües du temps peuvent la faire passer de déreglement en déreglement : mais la veüe de l’éternité seule enferme des motifs propres à l’élever au dessus de toutes les foiblesses. Il n’y a que cet objet qui touche & qui sanctifie, parcequ’il n’y a que Iuy, qui nous mette dans une situation assés haute pour ré-