Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
L’Art de se

qualités spirituelles ; & je ne sçay si l’on ne peut point dire sans avancer un trop grand paradoxe, que les sens ne nous répresentent pas moins nous-mêmes, que les choses qui sont autour de nous. Le second ordre des idées de sentiment sont les idées spirituelles que nous avons de la pensée, du doute & du raisonnement lors que nous connoissons que nous pensons, que nous doutons & que nous raisonnons &c. Car on peut dire qu’il est impossible de penser, sans s’aperçevoir que l’on pense par le sentiment même de la pensée.

Il ne faut pas s’imaginer comme sont les esprits foibles que les idées de précision, pour s’appeller abstraites & pour s’éloigner des idées de sentiment, enferment moins de realité & de verité que les autres ; & il suffit de remarquer au contraire, que sans le secours des idees nous n’aurions que l’idée de nous-mêmes ; & qu’ainsi nous ne connoîtrions point les choses qui sont hors de nous.

Aprés avoir fait toutes ces observations, je considere l’idée de Dieu, & j’e-