Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
L’Art de se

toute la gloire & toute la perfection qui peut estre conçüe, il s’ensuit que nos sens nous Ie répresenteroient sous une idee trés fausse, s’il leur étoit permis de nous Ie représenter.

Les objets des sens sont plus nobles qu’on ne s’imagine communément. Car ils font revetus des qualités spirituelles de nôtre ame, qui sont ses sentimens ; & quoy que nôtre imagination se trompe dans l’idée confuse qu’elle en a, cette erreur fait honneur à la matiere, & elle n’est d’aucun inconvenient : mais il n’en seroit pas de même, si Dieu dévenant l’objet de nos sens, nous venions à confondre les sentimens de nôtre ame avec les perfections de cet Estre tout parfait ; car il arriveroit alors, & que nous serions coupables d’impieté, en ayant de Dieu une idéé, qui ne convient proprément qu’à nous-mêmes, & que nous serions coupables d’idolâtrie, en transportant dans l’objet de nôtre adoration, nos propres sentimens.

Ainsi on peut dire que, lors que Dieu n’a point voulu se rendre présent à nos