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connoître Soy-meme.

roissent devant les relations de la societé éternelle, que nous devons avoir avec les autres. Un prochain temporel que la nature nous montre ne nous est pas si considerable que Ie prochain éternel que la foy découvre en luy. Au reste il y a des personnes qui s’ayment avec tant de déreglement, qu’il n’est nullement bon qu’ils ayment les autres, comme ils s’ayment eux-mêmes. Car n’est il pas vray, que si nous disions à un homme, je souhaite que vous soiés ingrat, aveugle, emporté, vindicatif, superbe, voluptueux, avare, afin que vous puissiés avoir plus de plaisir au monde, il auroit raison de penser, ou que nous extravaguons, ou que nous voulons luy faire un méchant compliment ; & neantmoins ce feroit là aymer son prochain comme l’on s’ayme soymême.

Pour avoir Ie droit d’aymer Ie prochain comme soy-même il faut s’aymer soy-même par raport a l’éternité. Il n’y a que l’homme immortel qui foit en état de bien observer ce précepte.

On demande ici, si lors que la loy nous ordonne d’aymer Ie prochain