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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

chrétiennes ; que les peuples d’Europe, quoique nombreux et aguerris, n’ont sauvegardées qu’avec tant de peine contre la propagande armée des musulmans, on s’apitoie de le voir, malgré ses protestations, dépouillé même de son nom, et l’on est peu disposé à conniver avec les Musulmans, pour substituer à une antique dénomination une désignation injurieuse, qui falsifie l’acte de naissance d’un peuple, l’allié le plus constant que nous ayions en Afrique pour le maintien de ces idées chrétiennes, qui sont notre gloire, la base et l’essence progressive de nos sociétés.

On peut objecter que le nom d’Éthiopie est d’origine grecque, mais les contre-objections ne manquent pas ; d’ailleurs, ce qui paraît dominer toute considération, c’est que ce nom est le plus ancien et le seul usité dans le pays.

À défaut d’une définition plus précise de l’Éthiopie, on est tenté de suivre l’exemple des Romains, qui avaient divisé la Gaule en Gallia togata, Gallia braccata, Gallia comata, et de dire que l’Éthiopie comprend la partie de l’Afrique orientale dont les habitants portent la toge ; cette Africa togata aurait du moins l’avantage de comprendre presque toutes les contrées africaines jadis soumises à l’autorité de l’Atsé ou Empereur, et d’être conforme à une locution employée actuellement par les Éthiopiens, sinon pour définir, du moins pour caractériser leur pays.

L’érudit géographe Ritter a défini en deux mots le caractère le plus saillant, non peut-être de toute l’Afrique, comme il le dit, mais de la portion orientale qui nous occupe ; il partage le pays en terres hautes et terres plates. Il serait plus exact de dire