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DOUZE ANS DE SÉJOUR

tiennent alors le bas du visage caché dans un pli de la toge.

Les femmes de chefs mettent ordinairement par dessus la toge un petit burnous en soie richement brodé et souvent orné de bossettes en vermeil.

Les femmes disposent leurs cheveux de la même façon que les hommes et, à cet égard, ne sont point soumises comme eux aux restrictions qu’entraînent les diverses positions sociales. Les paysannes, les femmes d’artisans ou d’ecclésiastiques, les esclaves mêmes font tresser leurs cheveux aussi bien que les grandes dames. De même que les hommes, elles aiment à mettre dans leurs cheveux une longue épingle en corne de buffle ou en bois, à tête sculptée ; les riches ont cette épingle en argent ou en vermeil, surmontée quelquefois d’une grosse tête en filigrane d’or. Elles portent aux mains une quantité de minces anneaux en argent, qu’elles disposent, comme les femmes de l’antiquité, à chaque phalange et phalangette ; pour les faire ressortir davantage, elles les entremêlent d’anneaux en corne de buffle. Elles portent des anneaux, des boutons ou des pendants d’oreille à l’italienne. Elles mettent aux chevilles des périscélides formés d’une quantité de pendeloques en argent, de petits grains lenticulaires en argent également ou de menus grains de verroterie, et font usage de bracelets aux poignets et à la partie charnue du bras. Au beurre frais qu’elles prodiguent sur leur chevelure, elles mêlent de grossières essences venues d’Arabie, et elles mettent aussi des essences dans leurs amulettes. Les plus expertes en thymiatechnie se parfument le corps au moyen de fumigations savantes ; d’autres remplacent quelquefois un bouton d’oreille par un clou de girofles. Beaucoup