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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

du sein, forment un volume à la fois gênant et disgracieux, mais la mode éthiopienne est très-variable en ce point.

La très-grande majorité des Éthiopiens ne porte ni tunique, ni chemise : les bras et les jambes restent nus.

La langue éthiopienne a un terme générique correspondant aux termes amictus et ὲφεστρίς désignant, comme chez les anciens Romains et Grecs, tout vêtement de dessus, le substantif éthiopien étant au verbe qui a la même racine, absolument dans les mêmes rapports que les mots amictus et ὲφεστρίς, aux verbes amicire et εφεννυσθαι. Ils emploient ce substantif pour désigner la pièce la plus importante de leur costume, celle qui le caractérise et justifie l’expression de gens togata qu’ils s’appliquent avec complaisance. Leur toge, en tissu de coton blanc, comme la toge antique à trois plagula décrite par Varron, est formée de trois lés cousus ensemble composant un rectangle d’environ 4 m. 80 sur 2 m. 80 de large, et orné, aux deux bouts, d’un liteau bleu ou écarlate tissé dans l’étoffe sur une largeur de 10 à 20 centimètres, correspondant au limbe qu’on voit sur les toges des anciens Grecs des deux sexes. La qualité de leurs toges est peu variée ; la chaîne est toujours d’un fil plus fin et plus tors que celui de la trame qui ne l’est quelquefois que d’une manière inappréciable, et le tissu souple et élastique se prête admirablement aux draperies. La toge commune a un liteau très-étroit ; elle est faite d’un coton écru, mal épluché, et dans des dimensions moindres en général que celles données plus haut ; elle ne se vend qu’un talaro, et, dans quelques provinces, sert