moyens que leur fournissait une position supérieure pour nous empêcher de l’accomplir. Nous au moins, nous avions été assez heureux pour user ces persécutions par quelques mois de privations et de déboires ; mais d’autres Européens, comme nous voyageurs pour la science, en ont subi plus tard les conséquences malheureuses. Quatre officiers de l’armée indienne, désignés par leur mérite, sont partis, en 1855, par ordre de la Compagnie des Indes pour pénétrer dans le royaume de Harar ; un navire de guerre les avait à peine débarqués à Berberah, que les Somaulis en tuèrent un et en blessèrent grièvement deux autres, qui, grâce à l’obscurité, parvinrent heureusement à regagner leur bâtiment. Les Somaulis ont des rapports journaliers avec les autorités anglaises d’Aden, mais dès qu’il a été question d’un voyage dans l’intérieur de leur pays, ils ont, pour satisfaire leur aversion contre les Européens, ressuscité les arguments dont le capitaine Heines s’était servi contre nous.
Avant de quitter Toudjourrah, nous pensâmes qu’il convenait d’informer Sahala Sillassé de nos tentatives pour arriver jusqu’à lui, des causes qui les avaient rendues infructueuses, ainsi que de l’arrivée prochaine dans ses États de l’ambassade anglaise et des mobiles qu’elle pouvait avoir.
Prévoyant que les agents anglais chercheraient à arrêter ma lettre, mon frère en fit cinq copies que nous donnâmes à cinq messagers différents. Effectivement, deux de nos messagers se laissèrent séduire par nos rivaux, et deux exemplaires tombèrent entre leurs mains ; mais les trois autres sont parvenus sous les yeux de Sahala Sillassé, et l’insuccès complet de l’ambassade du capitaine Harris nous a donné satisfaction.