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DOUZE ANS DE SÉJOUR

désormais nous ne pouvions plus lutter contre le gouverneur d’Aden ; et ayant été informé de la simplicité excessive de mon régime, il m’offrit obligeamment par l’intermédiaire du secrétaire de mon frère, de me prêter la somme d’argent que je désirerais. Peu après, il me fit savoir que la Compagnie des Indes ne nous refuserait pas une bonne indemnité, si nous voulions renoncer à notre voyage en Chawa.

Les chaleurs devenaient très-fortes ; vers le milieu du jour, les indigènes évitaient de sortir de leurs maisons ; les animaux même se réfugiaient à l’ombre ; ce qui me permettait de surprendre sur les collines des gazelles de la petite espèce et d’apporter ainsi un changement à mon insipide régime de riz.

M. Hadjitor chercha à détacher de nous le secrétaire de mon frère. Ce jeune homme était d’un caractère agréable, mais il n’avait pas, pour affronter des privations aussi longues, les motifs qui nous animaient. On lui offrait un emploi dans l’Inde, et dès que mon frère l’apprit, il alla au-devant de ses scrupules, en l’encourageant à tirer parti de sa position auprès de nous, si cela devait avancer sa fortune ; et notre jeune compagnon alla s’établir chez M. Hadjitor.

Depuis l’arrivée de cet agent, la hardiesse des partisans du Sultan s’accroissait de jour en jour ; ils avaient empêché le départ de la petite caravane à laquelle nous comptions nous joindre, et ils profitaient des moindres occasions pour nous susciter des désagréments de nature à faire prévoir que nous en arriverions à un conflit.

L’adresse et la ténacité que nous avions déployées pendant près de quatre mois, nous avaient acquis une position telle que les Anglais ne pouvaient nous dé-