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DOUZE ANS DE SÉJOUR

Je n’aspire point à démontrer exactement les origines de ce peuple, non plus qu’à faire son anthropographie ; mon but est de relater ses faits et ses gestes contemporains, et comme, dans le drame de la vie, il existe des corrélations étroites entre le physique de l’acteur et son rôle, je crois nécessaire de décrire l’Éthiopien tel qu’il frappe les yeux, et même de parler avec quelques détails de ses vêtements et des accessoires qu’il joint à sa personne, accessoires auxquels il communique quelque chose de sa personnalité et qui, par une réaction naturelle, ne sont peut-être pas sans influer à leur tour sur son être physique et moral.

Les Éthiopiens ont en général les traits de ce qu’on appelle communément la race caucasienne ; souvent ils représentent le type des statues des Pharaons, ou bien la physionomie de l’Arabe et quelquefois du Cophte ; on trouve aussi parmi eux des hommes rappelant par leurs types et leurs allures l’Indien de Coromandel et de Malabar, des physionomies juives du plus beau modèle, des sujets accusant à divers degrés l’immixtion du sang nègre, et enfin, dans les deux provinces Agaw, un type étrange, aux yeux relevés vers les tempes.

Les Éthiopiens sont d’une stature moyenne ; leur ossature est plus légère que celle de l’Européen, leur carnation plutôt molle ; leur angle facial est ouvert comme celui des Caucasiens et leur front développé ; leurs attaches sont fines, leurs mains petites et bien faites, leurs membres inférieurs plutôt grêles. Ils ont en général le mollet placé trop haut, les genoux ou les pieds cagneux, le talon plutôt saillant, le pied charnu et plat et les jambes rarement velues ; leur denture est presque toujours irréprochable et leur musculature moins saillante que chez l’Européen ou le nègre. On trouve parmi eux très-peu d’hommes contrefaits et peu