nées, il laissa mes gens et quelques effets sous la protection d’un trafiquant, prit les devants et m’arriva à Maharessate. Après lui avoir laissé le temps de se reposer et de jouir du plaisir de converser en basque avec Jean, je l’envoyai rejoindre mon frère à Moussawa.
Peu de jours après, je reçus l’avis que mon frère était malade. Je laissai mes gens à Maharessate et je me rendis auprès de lui. Un éclat de capsule l’avait blessé à l’œil, et les suites de cet accident avaient pris une gravité telle, que, sitôt mon arrivée à Moussawa, il s’embarqua avec Domingo pour Aden, le lieu le plus proche où l’on pût trouver un médecin. Il fut convenu que j’irais le rejoindre.
Lorsque je retournai à Maharessate, une femme d’un village voisin vint pour m’intéresser au sort de sa fille enlevée, disait-elle, par des maraudeurs Sahos. Ses supplications faisaient peine à entendre.
Je mis en campagne mes amis Sahos : ils découvrirent bientôt que la jeune fille venait d’être vendue à un trafiquant de Moussawa ; et comme aucun de ces trafiquants n’eût voulu revendre un esclave à un chrétien, parce que c’eût été exposer l’esclave à abjurer l’islamisme, je me rendis encore une fois à Moussawa, et je me confiai au Gouverneur. Le bon Aga me promit de m’aider ; mais afin de ne pas blesser les sentiments religieux de ses administrés, il évita d’agir ostensiblement et me donna des moyens détournés d’atteindre mon but. Le trafiquant comptait envoyer la jeune fille au marché de la Mecque, avec une barcade d’autres esclaves sur le point de partir. Aïdine Aga, prétextant quelque fraude contre la douane, fit suspendre leur départ ; le trafiquant, comprenant à demi, consentit