Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/545

Cette page a été validée par deux contributeurs.
537
DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Jacobis, sacré depuis comme évêque d’Abyssinie. Le Dedjadj Oubié les avait accueillis favorablement, et, quoique arrêtés dans notre voyage, nous avions déjà la consolation de ne l’avoir pas tenté en vain, puisque nous étions l’humble cause de l’introduction en Éthiopie de prêtres catholiques destinés à relever la réputation des Européens dans le pays.

Nous étions convenus avec Ezzeraïe qu’après avoir conduit mon frère jusqu’à la frontière des États d’Oubié, il m’attendrait à Digsa chez son père, où je le rejoindrais. Mais, au lieu de m’y attendre, il revint à Adwa, en me disant que son père et lui étaient trop inquiets sur mon compte pour me laisser seul plus longtemps dans une ville occupée par les gens d’Oubié.

Après un repos d’environ trois semaines à Adwa, mon cheval s’étant remis, je me disposais à partir, lorsque j’appris que le Dedjadj Oubié arrivait.

Afin d’éviter l’apparence d’une fuite, que ma conscience n’autorisait en rien, j’attendis qu’il vînt camper près de la ville. Les principaux habitants se portèrent à sa rencontre pour lui souhaiter la bienvenue et lui faire leur cour ; je ne fus pas inquiété, et le surlendemain, au lever de la lune, je partis avec Ezzeraïe pour Digsa, où nous arrivâmes sans encombre le deuxième jour.

Quand nous entrâmes chez le Bahar Négach, Ezzeraïe lui dit en me désignant :

— Je vous le ramène ; c’est à vous désormais de veiller sur un fils de plus que mon attachement vous a acquis.

Je trouvai chez le Bahar Négach une lettre de mon frère qui m’apprenait qu’Aïdine Aga tenait au pied du plateau de Digsa un piquet de soldats arnautes prêts à m’escorter jusqu’à Moussawa. Mais la protection du Bahar Négach me suffisait.