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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

— Que mon frère meure, si je n’accomplis pas ce que je dis !

Il me fit quelques recommandations relativement à Oubié, m’offrit un sachet contenant de l’or natif, que je refusai, et nous nous quittâmes après une accolade.

Après une journée de route, j’arrivai à Gondar. Le Lik Atskou parut peu satisfait lorsque je lui racontai comment je venais de quitter le Dedjadj Birro. La nature droite, judicieuse et toute magistrale de mon hôte s’accommodait mal des allures impétueuses de ce jeune prince, et il ne se gênait nullement pour rappeler publiquement sa descendance équivoque du Dedjadj Guoscho et pour improuver sa conduite.

— On peut bien conduire les hommes à coups de hache, disait-il, et échafauder ainsi un semblant de puissance, mais un jour tout cela croule sous le souffle de Dieu. Si j’étais plus jeune, ajouta-t-il, c’est en France que je t’engagerais à retourner, afin d’y aller avec toi ; mais je suis trop vieux, et puisque tu dois revenir à Gondar, tu pourras au moins me fermer les yeux. Triste temps que le nôtre !

Il m’engagea à resserrer ma confiance à la cour d’Oubié ; et, selon son habitude, il me congédia sur le seuil de sa maison, en me donnant sa bénédiction.