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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

qui sont nets depuis sept jours vont d’abord à la porte principale du sanctuaire, et ils en baisent le seuil, ou un des montants, avant et après leurs prières ; les gens dévots font le tour du sanctuaire en stationnant à chacune de ses quatre faces et baisant successivement les quatre portes. En Amarigna et en Tegrigna, on ne dit pas visiter les églises, mais baiser les églises. On ne s’agenouille que durant la semaine sainte ; les prières se font debout ou assis par terre ; il n’y a aucune espèce de siége ; çà et là se trouvent des béquilles isolées dont on se sert comme d’appui lorsqu’on est fatigué de rester debout. Ceux qui veulent prier sans être dérangés, ou lire leurs prières, s’adossent ordinairement aux arbres du cimetière ou s’asseyent sur l’herbe entre les tombes. Par un reste d’obéissance à la loi du Lévitique, ceux qui peuvent posséder deux toges, en réservent une spécialement pour se présenter à l’église. Des sistres et des tambours à main sont les seuls instruments dont il soit fait usage pour accompagner les chants religieux.

Dans la plupart des églises, il est défendu de se présenter avec une arme à feu, un bouclier ou une javeline : on les laisse à l’entrée du porche ; dans quelques-unes, il est même défendu d’entrer le sabre au côté, et, comme le fourreau est retenu aux flancs par plusieurs tours de ceinture, il est d’usage de dégainer et de laisser l’arme sous le porche. C’est sous le porche, qui sert aussi de porterie, que se réfugient les mendiants, les lépreux, les voyageurs ou les étudiants sans asile ; c’est là qu’on dépose les étrangers malades ainsi que les enfants abandonnés, qui heureusement sont très-rares dans le pays. Les voyageurs sans asile couchent aussi dans le péridrome de l’église, mais comme la saillie du toit est fort courte et que les colonnes