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DOUZE ANS DE SÉJOUR

court autour sont couverts du haut en bas de peintures à la colle représentant des sujets historiques ou religieux. Ces peintures, vives de couleurs, sont d’un dessin très-incorrect et primitif ; les règles de la perspective y sont inconnues, et leur caractère rappelle un peu celui des peintures chinoises. Autour de l’église court un terrain enclos d’un mur et toujours planté de grands arbres dont la plupart sont des cèdres ; c’est le cimetière. Un bâtiment à part, derrière l’église, sert de sacristie. On entre dans le cimetière par un porche quadrangulaire, bâti comme les murs de l’église, en pierre brute et bousillage. Au-dessus du porche se trouve ordinairement une chambre qui, lorsque l’église possède une cloche, soutient un beffroi, de façon à ce que la corde de la cloche descende sous le porche à hauteur de la main ; à défaut de cet instrument on se sert de phonolithe, d’un sémantron ou de pièces de bois sonores. Lorsque les ecclésiastiques chantent les offices, ils se groupent en face de la porte principale du sanctuaire dans l’enceinte qui le contourne ; le reste de cette enceinte est laissée aux fidèles. Comme on ne prononce pas de sermons, il n’y a pas de chaire. Pendant la messe, les portes du sanctuaire sont tantôt ouvertes, tantôt fermées, selon le rite éthiopien, mais un voile empêche de voir l’autel ; le prêtre officiant et ceux qui le servent ont seuls le droit d’y entrer ; ils se présentent sur le seuil pour la lecture de l’évangile, comme aussi pour donner la communion, et ils se retirent à chaque fois derrière le voile. Ceux qui ne sont point nets, d’après les règles mosaïques du pur et de l’impur, n’ont point le droit de pénétrer dans cette enceinte qu’on regarde comme l’enceinte d’Israël ; ils doivent s’arrêter dans le péridrome, espèce d’enceinte des Gentils, ou bien dans le cimetière. Ceux