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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Syoum était âgé d’environ vingt-huit ans, grand, bien fait, gracieux, d’une force musculaire peu commune et le teint sombre et velouté que les Éthiopiens comparent à la couleur d’une grappe de raisin noir ; il avait une grande distinction de manières, le visage séduisant, des façons à la fois modestes et hautes qui semblaient annoncer sa confiance dans sa fortune. Élevé dans les cours, son tact le guidait sûrement au milieu des dédales des intrigues ; son élocution facile, son amabilité, son entrain et son intelligence, plus sérieuse que ne le comportait son âge, captivèrent promptement Birro, et en quelques jours, quoique faisant pressentir un concurrent redoutable à la faveur de son nouveau maître, il s’était concilié les favoris, les notables et jusqu’aux pages.

Le montfort de Tchilga, le plus considérable du Dambya, où s’étaient réfugiés avec leurs richesses, des partisans influents d’Ilma, défiait l’autorité de Birro.

Celui-ci, comptant se servir du jeune prince pour hâter la soumission du pays, avait obtenu de son père la remise de sa personne. Il somma les partisans de son prisonnier de lui rendre le montfort, les menaçant, s’ils persistaient dans leur refus, de faire couper le poignet de leur ancien maître ; et pour qu’ils ne doutassent pas de sa résolution, il fit mettre le malheureux prisonnier à la torture, en faisant resserrer l’anneau de fer qui fixait la chaîne à son poignet.

— Dépecez-le et jetez ses membres aux chiens, répondirent les assiégés ; vous en aurez l’odieux ; nous ne nous rendrons pas !

En apprenant la conduite cruelle de son fils, le