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DOUZE ANS DE SÉJOUR

à un mur et reçut des mains du prieur un long bâton, en forme de béquille, qu’on trouve dans les principales églises et dont se servent les moines pour se soutenir debout durant leurs longues oraisons.

Quand il entrait dans une église, c’était avec des marques exagérées de respect ; mais si l’intérieur était désert, il se dépouillait de ses allures fastueuses, congédiait sa suite, à l’exception d’un ou deux favoris, et il semblait alors prier avec ferveur.

L’office terminé, tout le clergé lui chanta un hymne en guez composé en son honneur. Ces démonstrations courtisanesques lui déplaisaient ; mais, dans l’incertitude de ses affaires, il avait intérêt à se concilier les prêtres de cette paroisse influente. Il leur dit qu’il ne voulait gouverner que pour le bonheur du pays, et qu’ils eussent à le faire comprendre à tous. Le plus âgé s’avança, le bénit, et, conformément à l’usage, termina en récitant avec tout le monde un Pater et un Ave à son intention.

Rentré ensuite au camp, au milieu des acclamations des habitants échelonnés sur notre route, et dans tout l’orgueil d’un haut pouvoir, Birro réunit ses chefs dans un long festin.

Chaque jour, quelque ancien officier de Conefo ou de ses fils venait prendre service chez Birro, qui s’appliquait à se faire accepter par les notables du Dambya et à donner de lui une opinion plus favorable que celle qu’il avait laissée à la cour du Bégamdir ; car, bien que brillante, la position que lui faisait notre victoire à Konzoula était encore précaire. Le Ras Ali, satisfait de la défaite de l’armée des fils de Conefo, ne voyait plus dans Birro qu’un instrument bon à briser désormais. Dans l’espoir de s’emparer de sa personne, il l’invitait à venir le trouver