étaient entrés chez le Prince lorsque j’en sortais ; que le Blata Teumro lui avait représenté que si mon départ lui était pénible, c’était à lui de l’empêcher ; que le bien-être étant le but de tous les hommes, il n’avait pour me faire rester qu’à me donner une position qui satisfît mon ambition. Le Prince aurait répondu : « Certes, nous nous étions habitués à le considérer comme un des nôtres ; mais il dit qu’il reviendra, et il donne pour motif de son départ un engagement pris avec son frère, fils de sa mère, qu’il va rencontrer à Moussawa. Les gens de son pays passent pour véridiques ; pourquoi nous abuserait-il ? J’ai prévenu Birro, chez qui il devra s’arrêter ; Birro, qui est plus de son âge, saura peut-être l’empêcher d’aller plus loin. Si son destin est de se restituer à la terre dans le pays de ses pères, nous chercherions vainement à l’arrêter ici ; si c’est dans notre pays, les sentiers qui en éloignent se fermeront d’eux-mêmes devant lui, et notre pain le ramènera. Allez ! et que Dieu vous récompense pour le zèle que vous me montrez. »
En sortant, le Blata Teumro et le Blata Filfilo vinrent me faire leurs adieux ; et mes apprêts terminés, j’allai prendre congé de Monseigneur. Il était seul, à demi-couché sur son alga ; il ne répondait que par des signes de tête au peu que j’avais à lui dire, lorsque Ymer Sahalou, sans être annoncé, releva le rideau de la tente. Il était ceint, armé, un petit fouet à la main et portait la toge rejetée sur les épaules comme un homme prêt à l’action :
— Allons, mes seigneurs, dit-il, puisque cela doit être, que cela soit avant l’ardeur du jour. Tu as une longue traite à faire, Mikaël.
— Mon fils, me dit le Dedjazmatch, que Dieu te