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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

du Lidj Ilma, et il promit au capteur une investiture en Damote. Les timbales de Conefo, placées à l’aile gauche ennemie, avaient été prises par le Dedjadj Birro, car depuis son investiture du Dambya, on lui donnait ce titre ; son père les lui demanda pour le Dedjadj Baria, de l’Agaw-Médir, auquel il les avait promises. Birro refusa.

— Si Monseigneur les voulait pour lui-même, ce serait de grand cœur, dit-il ; mais il ferait beau voir que ce Baria ou quiconque osât les faire battre devant soi ; je les tiens de Dieu et de mon Dempto, et par la mort de Guoscho, par Notre-Dame ! nous ne les céderons à personne.

Le Prince laissa sans réponse cet orgueilleux message ; mais il ressentit vivement cette première désobéissance publique de son fils. Quant au Dedjadj Baria, il crut prudent de ne plus passer la nuit dans sa tente ; il vint coucher dans une hutte de soldat près la tente de Monseigneur, qui le lendemain obtint que Birro lui permît de retourner en Agaw-Médir.

Deux ou trois jours après, dans un quartier peu fréquenté du camp, j’entendis, en passant, les gémissements d’un homme qu’on torturait ; je m’arrêtai, et le patient me cria d’intervenir en sa faveur. C’était un nommé Meragdou-Haylou, trafiquant établi dans la ville d’asile de Kouarata en Fouogara, et par occasion soldat ou chasseur d’éléphant.

Quelques mois auparavant, le Prince ayant appris que Haylou avait deux belles carabines à vendre, lui avait expédié un homme pour les lui acheter. Soit crainte d’indisposer le Ras Ali, dont il était le sujet, soit toute autre raison, Haylou avait refusé de vendre au Dedjadj Guoscho, et qui pis est, il avait refusé le vivre et le couvert au messager et l’avait renvoyé