l’Atchefer. La nuit, le pays environnant parut tout constellé des feux que chaque habitant allume devant sa demeure à l’occasion de la Maskal, ou fête de l’invention de la Croix. Les Éthiopiens la placent au 17 du mois de meuskeurreum, date qui correspond à un jour variable de notre mois de septembre. Les circonstances où nous nous trouvions rendaient doublement opportune la grande revue que les chefs importants ont coutume de passer à cette époque.
Il est d’usage qu’à la Maskal les vassaux fassent défiler leurs soldats sous les yeux du seigneur auquel ils doivent le service militaire. Ils mettent de l’émulation à paraître avec le plus de monde et le meilleur équipement possible, afin de lui prouver que, loin de thésauriser, ils emploient leurs revenus à entretenir des soldats. Souvent ils font figurer des passe-volants, ou soldats d’emprunt, rappelant ainsi les supercheries analogues pratiquées par les barons européens au moyen âge.
Le Dedjazmatch, en habit de gala, s’établit en dehors du camp sur un tertre, où l’attendait un alga ; son servant d’armes, le palefrenier qui tenait son cheval, deux huissiers, une quinzaine de pages et moi formions seuls son entourage, tous ceux qui l’accompagnaient habituellement s’apprêtant à figurer dans la revue. Ymer Sahalou, chef de notre avant-garde, parut le premier sur le terrain, précédé de ses trompettes et joueurs de flûte et de tambourin. Ses troupes étaient sans toge, en tenue de combat ; chaque soldat portait, au lieu de javeline, soit une perche écorcée ayant au haut bout une fleur ou un bouquet de verdure, soit une longue et mince fascine composée de ramilles ou de tiges inflammables. Après